Mahamat Alhadj Ali Mahamat

Le grand nord du Tchad : un paysage fascinant et une destination touristique merveilleuse

Longtemps plongé dans des conflits internes (guerre du Frolinat) et externes (guerre tchado-lybienne), l’extrême nord du Tchad a été durant quarante ans fermé aux touristes et demeure jusqu’alors peu explorer. Pourtant…cette zone désertique compte parmi les plus beaux sites du Sahara.

L’un des sites du nord du Tchad. Crédit photo : Djiminoum Ngarnayal

Le Tchad, pays enclavé au centre de l’Afrique, couvre une superficie de 1284000 km² aux tiers désertique. Ce grand espace couvert par le désert est une véritable perlouse de la nature. Il laisse voir un paysage fascinant qui, surtout avec les enjeux actuels des variations climatiques et de la dégradation de l’environnement, fait dénuder l’authenticité de la nature, l’origine et l’évolution du genre humain car c’est là qu’a été découvert le premier homme sur terre et père de l’humanité, « Toumaï« . Il s’agit en effet des massifs montagneux et des lacs avec une géologie phénoménale et une richesse culturelle indescriptible.

L’Ennedi

Joyau du Sahara, ce massif gréseux est le plus connu. Sculpté par l’érosion du vent et de l’eau, ce massif renferme une multitude de canyons (gorges étroites et profondes creusées par un cours d’eau) et vallées créant des paysages spectaculaires : pics rocheux ruiniformes, arches (formations géologiques constituées d’un arc rocheux creusé par l’érosion) naturelles grandioses, falaises (masses de terres et de rochers en escarpement au bord de la mer) imposantes… Deux des plus grands canyons abritent des gueltas (résurgences d’eau permanentes) parmi les importantes du Sahara : Guelta d’Archeï et Guelta de Bachikélé. Ces dernières zones humides, derniers vestiges d’un temps géologique où la région était couverte de forêt et de savanes, sont les points de convergence humaine et animale. Des nombreux nomades vivent à proximité de ces sources d’eau et viennent quotidiennement abreuver leurs immenses troupeaux de chameaux.

Guelta d’Archeï. Crédit photo : Djiminoum Ngarnayal

Le massif de l’Ennedi a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en juillet 2014. Ce classement a également été favorisé par la découverte de centaines de sites ornés de peinture et de gravures rupestres, constituant une des plus grandes collections d’art pariétal du Sahara.

Le nord du Tchad
Site orné du massif de l’Ennedi. Crédit photo : Djiminoum Ngarnayal

Le Tibesti

Plus haut massif montagneux du Sahara, le Tibesti est le lieu où vivent les habitants des montagnes en langue Toubou. Son point culminant, l’Emi Koussi est un ancien volcan qui se lève à 3414 m d’altitude. C’est un massif qui a gagné sa réputation de « montagnes les plus enclavées du monde ».

Le nord du Tchad
Le massif du Tibesti. Crédit photo : Djiminoum Ngarnayal

Le Borkou

Situé sur les contreforts orientaux du Tibesti, ce massif gréseux méconnu est pourtant parmi les plus beaux d’Afrique saharienne. Il renferme de centaines de pics rocheux et dédales sablonneux à travers lesquels des caravanes chamelières cheminent d’un puits à l’autre. Moins plébiscité que son voisin oriental de l’Ennedi, le Borkou est un « terrain de jeu » idéal pour la randonnée.

Le nord du Tchad
Terrain de jeu du Borkou. Crédit photo : Djiminoum Ngarnayal

Les lacs Ounianga

Composés d’une cinquantaine de lacs essentiellement alimentés par une nappe phréatique fossile cet ensemble lacustre unique dans le Sahara, s’étend sur 20 km² entre les villages d’Ounianga Kébir (« le grand ») et Ounianga Serir (« le petit »). Ces lacs sont remarquables pour leur origine géologique unique. Ils sont un site naturel exceptionnel situé dans une région aride et isolée. Leur formation géologique unique, leur biodiversité et leur importance pour les communautés locales en font un site d’une grande valeur écologique et culturelle.

Le nord du Tchad
Les lacs Ounianga. Crédit photo : Djiminoum Ngarnayal

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J’ai participé au Sommet des blogueurs du Cameroun

J’ai eu le privilège d’être parmi les représentants de l’Association des Blogueurs du Tchad (ABT) au sommet des blogueurs du Cameroun suite à une invitation de l’Association des Blogueurs du Cameorun (ABC).

Sommet des blogueurs
Des blogueurs tchadiens avec Simon Decreuze. Crédit photo : Mahamat Alhadj Ali

Le contexte

Après trois éditions précédentes organisées par l‘Association des Blogeurs du Cameroun, notamment en 2019, 2020 et 2021 et à la suite du colloque international sur les médias en ligne, organisé en 2022 ayant abouti à l’élaboration d’une charte de bonne conduite sur le cyberespace, voici donc venue la quatrième édition du sommet des blogueurs du Cameroun. Cette dernière édition placée sous le thème : « La liberté d’expression et l’impact des blogueurs dans les politiques et communications culturelles » s’est tenue du 26 au 30 juin 2023 à l’Institut français de Yaoundé après une promesse formelle du Directeur dudit institut Monsieur Yann Lorvo lors de l’ouverture du dernier colloque.

Chose promise, chose faite. Durant cinq jours, avec la présence de plusieurs blogueurs nationaux, de l’Association des Blogueurs du Tchad, d’une équipe de la Radio France Internationale (RFI) dont Simon Decreuze, Steven Jambon et Estelle Ndjando; les formations, ateliers, masterclasses, émissions publiques de la Radio France Internationale… ont pris d’assaut l’Institut français de Yaoundé.

Sommet des blogueurs
Ceremonie d’ouverture du sommet. Crédit photo : Mahamat Alhadj Ali

Les grandes lignes

Du premier jour après la cérémonie d’ouverture jusqu’au quatrième jour, les formations et masterclasses sur le factchecking, les podcasts, les discours de haine (Hatespeech), la création et l’animation de blogs n’ont point manqué.

Sommet des blogueurs
Formation sur les podcasts. Crédit photo : Mahamat Alhadj Ali

Aussi, quelques vlogueurs et WebTV ont rendu hommage à Marc Viven Foe, ce footballeur camerounais écroulé il y a vingt ans sur le terrain lors d’un match de demi-finale de la coupe des confédérations.

Par ailleurs, la lutte contre la pollution et la protection de l’environnement étaient aussi au rendez-vous. Les ateliers de création des objets d’art à partir des objets recyclés ont systématiquement impressionné l’audience.

La quatrième édition des blogueurs du Cameroun a vraiment été marquée par l’intervention d’une équipe de RFI qui a réalisé une émission publique avec pour thème: Éthique des réseaux sociaux : Tous producteurs de contenus donc tous responsables et qui passera dans les jours à venir sur ladite radio.

Ateliers de media RFI. Crédit photo : Mahamat Alhadj Ali Mahamat

Le cinquième et dernier jour du sommet était consacré à la troisième édition de « ABC BLOG AWARDS » qui a couronné quelques blogueurs camerounais ayant produit des meilleurs articles sur la santé, les enfants, la paix, la société, l’art et la culture, la promotion et l’émancipation de la femme, la cuisine camerounaise et la biodiversité.

Une nouvelle vision du blogging

Ma participation au sommet des blogueurs du Cameroun m’a donné une nouvelle vision du blogging. Les cinq jours passés aux côtés des blogueurs camerounais m’ont appris avant tout que le blogging n’a pas de frontière. Nous sommes tous ces jeunes ayant le grand désir d’impacter et de partager avec le monde nos belles petites histoires et expériences.

J’ai eu à côtoyer des personnalités éminentes du blogging qui ont largué en moi un grand enthousiasme de continuer à bloguer et rendre encore plus meilleure ma plume. Dorénavant, je suis capable de nuancer un blogueur d’un journaliste et d’un influenceur.

Prendre part au quatrième sommet des blogueurs du Cameroun nous a permis nous, membre de la jeune association des blogueurs du Tchad d’élargir notre réseau, de s’inspirer et d’avoir des directives pour l’épanouissement de la blogosphère tchadienne.


L’école a failli détruire ma vie

Je viens de regarder l’une des récentes vidéos de celui que j’estime énormément et je considère comme mon mentor. Il s’agit du célèbre coach et conférencier, ou comme j’aime souvent l’appeler, le génie du développement personnel. Karamo Sangaré.

Je ne rate aucune de ses vidéos sur YouTube. Dans cette dernière, intitulée « L’école détruit ta vie », il explicite cinq dangers de l’école que beaucoup ignorent. Elle vient à point nommé résumer et clarifier l’une de ses anciennes vidéos, nommée « Dix choses qu’on nous cache sur l’école/l’université« .

L’ancienne vidéo m’a énormément changé la vie, comme mon mentor aime souvent le dire. Moi qui étais au début très attaché aux études et y consacrais tout mon temps, j’ai commencé à voir les choses autrement. Au fait, j’ai réalisé qu’une grande partie de ce que j’apprenais à l’école, je l’apprenais uniquement pour réussir à l’école, et qu’il y a un tas de choses utiles dans la vie que l’école ne m’apprenait pas. En clair, l’école est devenue presque un passe-temps pour moi.

L’école, une prison

Désormais je consacre la plupart de mon temps au développement personnel et au blogging, une passion que l’école a failli me voler. J’ai enfin compris que les dires de Victor Hugo, « Ouvrez des écoles et fermez des prisons », ne sont plus valables de nos jours. L’école qui nous évitait la prison est en train de devenir elle-même la prison — ou plutôt est déjà une prison. Ensemble nous sommes tous soumis au conformisme de l’école comme si nous étions en prison : il faut s’habiller de telle manière, rendre les devoirs à tel moment…

Crédit photo : Pixels

Certes, l’école nous apporte diverses connaissances essentielles à la réussite, elle nous permet d’avoir les bases de la discipline, de mettre un cadre dans notre quotidien. Cette dernière nous ouvre un réseau et nous donne l’opportunité de rencontrer des personnes avec qui nous pouvons faire du business. Aussi, les métiers indispensables, comme le droit, la médecine, l’ingénierie…ne sont enseignés qu’à l’école. Et alors, on a souvent vu ou entendu parler de ces personnes qui ont réussi, sans avoir été vraiment à l’école. On connaît aussi ceux qui ont été longtemps à l’école, et qui n’ont pas réussi.

Voici cinq dangers du système éducatif actuel parmi tant d’autres :

L’école nous empêche de rêver

Lorsqu’on est petit, on a des rêves, des ambitions, on veut devenir acteurs, musiciens, danseurs…On pouvait se permettre de rêver absolument tout, mais plus on grandit plus nous sommes dans le cadre du système éducatif et bien plus on commence à nous faire comprendre que notre rêve n’est pas réaliste et qu’il faut commencer à rêver normalement. Rêver normalement qu’est ce qu’on attend par là, rêver normalement c’est penser exactement comme les autres, c’est se dire je veux tel boulot dans telle entreprise. Du coup, nous ne sommes plus permis d’imaginer de grande chose et c’est ainsi qu’on réalise qu’on est entrain de nous couper nos ailes et petit à petit nous commençons nous aussi à nous ranger dans une cage pour ressembler à tout le monde.

Selon Steve Harvey, la chose la plus importante dans notre vie n’est pas forcément l’éducation mais plutôt notre rêve et le système éducatif est fait pour briser ce rêve, afin de nous empêcher de penser ou de réfléchir en dehors de la boîte.

Un jour il dit à sa professeure pour la première fois qu’il voulait être à la télé. Cette dernière s’est moquée de lui devant ses camarades de classe. Aujourd’hui, Steve Harvey est à la télé et est considéré comme étant l’une de personnes les plus célèbres des États Unis d’Amérique.

Donc le rêve est encore beaucoup plus important que l’éducation donnée à l’université sauf que l’université nous empêche complètement de rêver ou d’avoir de petit projet à côté, car elle nous bombarde et submerge de beaucoup de choses.

La surcharge mentale

La plupart des étudiants sont soumis à l’anxiété, au stress parfois même à la dépression car il faut rendre tel devoir ou faire tel examen à tel moment. Le système éducatif est dangereux, il nous accable avec plus de dix matières en un seul semestre et veut qu’on soit bon dans toutes ces matières.

Les enseignants sont payés pour dispenser les cours, que les enfants comprennent ou pas, l’essentiel c’est de finir le programme pour n’est pas être critiquer.

L'école
Crédit photo : Pixels

L’école ne prend pas en compte notre diversité

Le système éducatif met tout le monde dans un même panier et nous sommes tous jugés exactement de la même manière. Il nous fait comprendre que ceux qui n’arrivent pas à traiter les exercices donnés sont des « vaut rien » qui ne servent à rien, ils ont raté leur vie. Rater ses études ne veut pas forcément dire rater sa vie. Il y a des gens qui sont vraiment nuls en classe mais super bon dans d’autres domaines. On a tous un talent quelque part. Et comme disait le célèbre mathématicien et physicien Albert Einstein : « Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson à sa capacité de grimper à un arbre, il vivra toute sa vie en croyant qu’il est stupide« .

L’école est déconnectée de la réalité

Si mon prof de marketing est bon en marketing, il ne serait pas prof de marketing, il allait faire du business : cette fameuse préoccupation qui me taraude souvent l’esprit.

Le problème en est que souvent il n’y a aucune concordance entre ce qu’on nous apprend théoriquement et ce qu’on verra dans la réalité. C’est comme si nous vivons dans un monde utopique.

Si ce n’est pas pour faire des recherches dans des laboratoires, qui a déjà utilisé une fois la loi de Thalès ou le théorème de Pythagore dans la vraie vie ?

Aujourd’hui sur les réseaux sociaux on peut apprendre en deux heures ce qu’on pourrait nous enseigné en six mois à l’école.

L’école nous donne une mauvaise définition de l’échec

Échouer à un test ou redoubler sa classe n’est pas la fin du monde : Le premier de la classe n’est pas forcément le premier dans la vie.

La plupart des écoles encouragent souvent leurs élèves à réussir leurs examens. Ce qui est une bonne chose, sauf qu’ils ne font rien pour les étudiants qui ne parviennent pas à obtenir de bons résultats à leurs examens ou qui échouent simplement à leurs tests. Souvent, les étudiants préfèrent tricher plutôt que de marquer moins à un test. Cela donne aux enfants le message qu’il vaut mieux tricher que d’accepter l’échec. Pire encore, il y a ceux qui tentent même de se suicider seulement parcequ’ils ont échoué à un examen ou redoublé leur classe.

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Tchad : une tournée au site des sinistrés de Toukra

L’année dernière, les inondations causées par le débordement des fleuves Chari et Logone ont contraint plusieurs personnes à quitter leurs maisons. Ces derniers ont trouvé refuge dans des nombreux sites installés dans la capitale Ndjamena dont celui de Toukra, dans le 9ème arrondissement. Il suffit de faire un petit tour dans ce site pour déceler en dépit du calvaire qu’endurent ces personnes, un écosystème de patience et de résilience.

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Au milieu du site de Toukra. Crédit photo : Mahamat Alhadj Ali

«L’Espace Ami d’Enfance» du site 

C’est une tente consacré aux enfants. Elle est animée par quelques instituteurs accompagnés parfois par des jeunes bénévoles qui apprennent aux enfants des chansons, récitations et quelques notions de base d’hygiène. Pour exciter les enfants et les maintenir sur place, quelques objets de jeux et de fournitures scolaires fournis par l’UNICEF sont mis à leur disposition. Selon Idriss, un instituteur : « malgré les conditions difficiles, les enfants se sentent presque à l’école. L’espace encourage ces derniers à persister dans la quête du savoir et allège leurs parents de certaines tâches ».

L’espace intéresse non seulement les enfants mais aussi les adolescents qui revendiquent chaque jour d’être y intégrés. C’est l’exemple de Fabrice, un jeune adolescent de 14 ans, rencontré : « ça fait près d’une semaine que je viens ici mais on ne me laisse pas entrer en me disant que je suis assez grand, pourtant mes amis de même âge que moi y accèdent. Alors je reste près de la tente pour répéter après eux les chançons, l’alphabet et l’hymne national du Tchad « .

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Espace Ami d’Enfance. Crédit photo: Mahamat Alhadj Ali

Le petit centre de santé du site

Pour les malades, il existe un petit centre de centre. A l’entrée, des nattes étalées de part et d’autre de la porte sur lesquelles s’installent les malades. L’intérieure d’une tente constitue la salle de consultation. Au-delà se tient la pharmacie qui est clôturée par des foulards et formée d’une table et quelques médicaments. Tout autour se trouvent des dépôts de médicaments et des dispositifs de lavage de main. Tout à l’air d’un véritable centre de centre de santé.

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La pharmacie du site. Crédit photo: Mahamat Alhadj Ali

Les petits commerces ci et là

Certains sinistrés ont encore du mal à s’adapter à cette métamorphose de vie car c’est leur première fois d’endurer un tel calvaire. Par contre d’autres se sont déjà adapter à la nouvelle vie. Ils ont décidé de ne pas rester bras croisés attendre l’aide des humanitaires mais se lancent plutôt dans des petits commerces pour subvenir à leurs besoins. Ainsi, des légumes, poissons séchés, charbons et autres sont exposés à la vente formant ainsi une sorte de petit marché dans le site.

Pour madame Halimé, une vendeuse de légumes : « Je suis veuve et mère de quatre enfants, il est vraiment difficile pour moi de voir mes enfants mourir de faim surtout qu’il y a une mauvaise gestion des vivres dans le site. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de faire de petits commerces« .

Marchandises de madame Halimé. Crédit photo: Mahamat Alhadj Ali

Aussi, à l’entrée du site se dresse un moulin et des petites boutiques. Des petites tentes faites par les femmes qui préparent des délicieux mets servent de restaurants.

L’hygiène dans le site

Les conditions de vie difficiles contraignent certains sinistrés au non-respect des règles d’hygiène. Des défécations à l’air libre, des ordures déposés partout, des enfants qui se baignent dans la marre d’à côté… Néanmoins, certains sinistrés en font l’exception, avec la sensibilisation et la distribution des dispositifs d’hygiène, ces derniers essayent de faire l’impossible. Ils utilisent les latrines pour déféquer, empêchent leurs enfants de se baigner dans la marre et gardent propres les alentours de leurs tentes…

Dispositif de lavage de main. Crédit photo: Mahamat Alhadj Ali

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Quelle destinée réservée au continent Africain bondé de pays en transition ?

Depuis quelques années, les coups d’État se multiplient en Afrique. Plusieurs pays se trouvent dans des chamboulements constitutionnels et des transitions sans fin. Entre conflits armés, manifestations sanglantes et promesses chimériques, le pauvre africain possède t-il encore ce droit de rêver d’un continent fastueux ?

Les coups d’État sont contagieux. Un coup d’État réussi augmente considérablement la probabilité de coups d’État ultérieurs, dans ce pays comme dans ses voisins.
En moins d’une année (entre avril 2021 et janvier 2022), plusieurs régimes politiques cramponnés au pouvoir en Afrique ont été renversés par des militaires (cinq coups d’État réussis en huit mois) qui dirigent désormais ces pays.

Depuis leur indépendance, crises après crises, coups d’État après coups d’État, la plupart des États africains n’ont rien fait d’autre que de s’accrocher, sans aucune justification rationnelle, à ces systèmes d’hommes forts qui ont favorisé la corruption et la mauvaise gouvernance des affaires sociales, économiques, politiques et sécuritaires. Il n’est donc pas surprenant, les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Des calendriers non-respectés et des transitions perpétuées

Le Mali,le Tchad, le Soudan ainsi que plusieurs autres pays africains sont aujourd’hui dirigés par des gouvernements de transition. Ceux-ci ont professé leur volonté d’organiser des élections présidentielles dans les meilleurs délais pour un retour des civils au pouvoir. Mais dans les trois cas, le respect des calendriers initiaux semble poser problème.

Le Mali

Coups d'État
Ibrahim Boubacar Keïta. Crédit photo : flickr

Lorsque les militaires ont évincé le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, la junte avait adopté une charte qui stipulait que la transition durerait dix huit- mois, lesquels devraient être suivis d’élections. Cela aurait conduit à des scrutins au début de l’année 2022.

Mais, seulement neuf mois plus tard, en 2021, après le premier coup d’État, un second coup d’État est commis par la même junte avec à sa tête le colonel Assimi Goyta qui fera arrêter le président de transition Bah N’Daw et son premier ministre Moctar Ouane.

Les assises nationales de refondation organisées du 11 au 30 décembre dernier ont recommandé une transition d’une durée de six mois à cinq ans.

Le Tchad

Coups d'État
Mahamat Idriss Deby Itno. Crédit photo : Gueiper photographe

Au Tchad, le décès du président Idriss Déby Itno en avril 2021 a propulsé son fils Mahamat à la tête d’un conseil militaire de transition de quinze généraux qui avaient abrogé la Constitution, dissout le parlement et limogé le gouvernement. Mais il avait aussitôt promis de rendre le pouvoir aux civils par des élections libres et démocratiques après une transition de dix-huit mois renouvelable une fois, censée se terminer le 20 octobre dernier.
Un dialogue national inclusif et souverain a été organisé. Ce dernier a conduit à l’adoption de la résolution concernant l’éligibilité du président du conseil militaire de transition et la prolongation de la transition pour vingt-quatre mois.

Le Soudan

Coups d'État
Mohammed Hamdan Dagalo. Crédit photo : Moussé Tahir

Le 11 avril 2019, l’armée a destitué le président soudanais après plusieurs mois de contestation. A l’origine de la colère populaire : la hausse du prix du pain. Une colère qui a rapidement pris pour cible le chef de l’Etat au pouvoir depuis 1989 et prêt à briguer un troisième mandat en 2020. Un gouvernement intérimaire d’unité dirigé par le Premier ministre Abdallah Hamdok a été mis en place. Cependant, en octobre 2021, les militaires ont pris le pouvoir lors d’un coup d’État et ont accepté de transférer l’autorité à un gouvernement dirigé par des civils, un accord formel étant prévu pour le 6 avril 2023. Cet accord a été retardé en raison des tensions entre les chefs militaires rivaux, le général Abdel Fattah al-Burhan et le général Mohammed Hamdan Dagalo, respectivement président et vice président du Conseil de souveraineté transitoire.

Le 15 avril 2023, des affrontements éclatent dans tout le pays, principalement dans la capitale Khartoum et dans le Darfour.
Les affrontements commencent lorsque les Forces de soutien rapide lancent des attaques contre des sites clés du gouvernement. Des frappes aériennes, des tirs d’artillerie et des tirs nourris ont été signalés dans tout le Soudan.

Les affrontements persistent jusqu’à l’heure actuelle et l’on dénombre plus de 750 civils tués et 5000 gravement blessés ainsi 700000 déplacés.

Les acteurs internationaux ne parviennent pas à faire respecter les normes relatives aux coups d’État

Les coups d’État sont enfin de compte des calculs froids des avantages par rapport aux coûts. Les avantages sont fabuleux : pouvoir et accès limité aux ressources de l’État. L’attrait d’un coup d’État, par conséquent, existera toujours. Les inconvénients potentiels: échec ou emprisonnement, sont probablement considérés comme gérables pour des acteurs militaires sans contraintes sous une organisation civile. En bref, ceux qui montent des coups d’État le font parce qu’ils pensent pouvoir s’en tirer à peu de frais.

En effet, les acteurs internationaux jouent un rôle essentiel dans la validation des coups d’État en Afrique. En traitant les coups d’État comme des moyens malheureux mais normaux de transférer le pouvoir en Afrique, les acteurs internationaux donnent par inadvertance aux putschistes un coup de pouce pour franchir la ligne d’arrivée et consolider leur putsh. L’augmentation récente du nombre de coups d’État en Afrique reflète une diminution de la volonté des acteurs régionaux et internationaux de faire respecter les normes anti-coups d’État en Afrique. Le fait qu’aucun des cinq récents coups d’État n’a été fermement condamné montre à suffisance l’aboulie des acteurs internationaux à limiter les coups d’État en Afrique. Ces derniers facilitent alors de près ou de loin l’implantation des putschistes. Ce qui prépare la voie à d’éventuels coups d’État.

Cette situation est le résultat d’une confluence de facteurs, notamment une récession démocratique régionale, une inclinaison des organismes régionaux à négocier des compromis avec les putschistes, une réticence à organiser des interventions militaires et la distraction des acteurs internationaux par les crises internes et la pandémie, entre autres.

Les coups d’État répétitifs ne signifient pas la fin de la démocratie en Afrique

Coups d'État
Crédit photo : Pixeles

S’il est tentant d’interpréter la vague de coups d’État comme une preuve de la mort de la démocratie en Afrique, ce serait une erreur. Même dans les pays où un coup d’État a eu lieu, une majorité de citoyens souhaite vivre dans une démocratie et rejette les régimes autoritaires.
L’Afrique peut récolter et récolte effectivement un dividende démocratique. Le problème se pose lorsque des dirigeants supposés démocratiques commencent à utiliser des stratégies antidémocratiques pour se maintenir au pouvoir contre la volonté de leur peuple.
Cela devient clair si l’on va au delà des gros titres pour se demander pourquoi certains des récents coups d’État ont été publiquement célébrés ?
Des sondages ont révélé que le soutien à la démocratie s’élève à 77% en Guinée, 70% au Burkina Faso et 62% au Mali. Une preuve supplémentaire que les citoyens ont soutenu l’intervention militaire dans l’espoir qu’elle ouvre la voie à une forme plus efficace de gouvernement civil, et non par ce qu’ils aspirent vivre sous un régime autoritaire.

Comment les acteurs démocratiques internationaux peuvent-ils atténuer les coups d’État ?

Drapeau de l’Union africaine peint sur un mur de briques. Crédit photo : iStock

L’action la plus significative que la communauté démocratique internationale puisse prendre pour inverser la tendance des coups d’État en Afrique est d’encourager la démocratie. Les gouvernements africains qui s’engagent à respecter et à faire respecter les pratiques démocratiques devraient mériter un soutien diplomatique, une aide au développement  et à la sécurité et une promotion des investissements privés beaucoup plus importants.

Si la vague de démocratisation de l’Afrique des années 1990 et 2000 a été menée par des réformateurs nationaux, il existait des inclinaisons internationales claires à l’adaptation des normes démocratiques. Les acteurs démocratiques internationaux doivent s’engager à nouveau à respecter ces normes en adoptant une position plus unifiée pour soutenir l’opposition aux coups d’État.
Cet effort diplomatique doit engager activement l’Union africaine et les communautés économiques régionales, qui ont chacune leur propre charte de la démocratie. Une grande partie de la réaction publique et de la coordination des réponses internationales à un coup d’État se fait par le biais de ces organismes régionaux. Si les institutions régionales africaines condamnent clairement un coup d’État, il est beaucoup plus facile pour la communauté démocratique internationale de se rallier à cette position.

Le revers de la médaille des mesures incitatives en faveur des démocraties africaines est la nécessité d’imposer systématiquement des coûts réels aux putschistes. Ceux qui prennent le pouvoir de manière extralégale ne doivent pas être reconnus. L’aide financière et l’allègement de la dette doivent être suspendus.
Les autocraties africaines sont responsables de plus de 75% des conflits, des migrations forcées et des crises alimentaires du continent. Si l’Occident veut contribuer à endiguer le flux de ces forces déstabilisatrices, il doit se faire le champion de la démocratie en Afrique.
C’est n’est pas pour rien que la communauté internationale a largement œuvré à l’élimination des coups d’État dans la période de l’après-guerre-froide. Le même raisonnement persiste. La question est de savoir si les acteurs internationaux se souviennent du scénario ?


Les ateliers de poterie de Kôrô : un moment humain et artistique au sud du Tchad

Kôrô est un petit village situé à 7 km de Moundou, la seconde ville et la capitale économique du Tchad. C’est un village atypique, en grande partie perché sur des rochers. Kôrô est aussi un condensé de valeurs culturelles fièrement assumées par ses détenteurs.

Une assemblée générale des fils de la communauté. Crédit photo : Mawndoé Célestin avec accord.

Dans le village de Kôrô, de nombreux hommes sont forgerons (maîtres du feu) et leurs femmes sont potières, ces centres d’intérêt dominent en partie l’ambiance de la vie au sein de la communauté dont les autochtones sont des bôbô.

Les potières de Kôrô

Quand on parle des potières, il faut entendre « les femmes issues de la caste des forgerons ».

Ces femmes sont à la tâche. Une tâche qui n’a rien à faire avec celle des hommes. Dans un pétrichor qui embauche l’air, ces dernières malaxent avec maestria une terre argileuse. De mains habiles, elles donnent forme à des pots et autres ustensiles. La fabrication de ces pots et canaris a un secret jalousement gardé par ces femmes de caste. Dans leur processus de travail, elles font recours au feu de la forge pour cuir la terre. Ce qui confère aux ustensiles leur rigidité.

La poterie, un art

Il ne suffit pas de regarder comment on fabrique les pots et les canaris pour décider d’en fabriquer aussi. C’est tout un art, c’est une technique enrobée de secrets transmis de génération en génération. C’est d’ailleurs beaucoup plus une identité socioculturelle qu’une activité économique.

Une culture ancestrale en disparition

Aujourd’hui, les jeunes filles ne s’intéressent plus à ce métier. Elles pensent que c’est un métier peu rentable. Pourtant que son caractère traditionnel prime sur son aspect financier. A Kôrô, on a peur qu’un jour les potières se fassent rares pour perpétuer ce métier.

C’est de celà qu’est né l’atelier des poteries de Kôrô dans le cadre du projet au nom de l’Art avec le soutien de l’Institut Français du Tchad (IFT), l’Agence Française de Développement (AFD) et Talents d’Ailleurs.

Plus de 300 personnes du village de Kôrô ont participé à ces ateliers. Eux qui avaient presque perdu cette pratique ancestrale ont pris plaisir à partager ce petit moment humain et artistique avec les reines de Gaoui venant de Ndjaména ainsi qu’avec la poterie de Grenoble en France. Une réunion de différends horizons autour de la poterie dans le village de Kôrô : magnifique idée pour rassembler tout le monde autour de la tradition des potières !

Decouvrez en images la joliesse et la richesse de ce moment culturelle exceptionnel !

Un diaporama des photos de Mawndoé Célestin :


L’anglais, une troisième langue officielle au Tchad pour harmoniser les tchadiens ?

Aujourd’hui, la langue anglaise est devenue la langue la plus utilisée dans le monde. Elle occupe une place particulière au sein de différents pays y compris le Tchad, pays officiellement bilingue depuis la constitutionnalisation de l’arabe, à côté du français en 1964. Ainsi, officialiser la langue de Shakespeare pourrait-il ouvrir des opportunités à la nouvelle République ?

Dans le monde actuel, le plurilinguisme est une compétence de plus en plus importante. En plus d’offrir des opportunités d’embauches, être capable de parler une langue étrangère aide à établir une connexion réelle avec les personnes et d’en apprendre plus sur leurs différents lieux, cultures, et façon de vivre.

L’anglais est la langue la plus parlée parmi les langues étrangères. C’est la langue de la science, de l’aviation, de l’informatique, de la diplomatie et du tourisme. Mais c’est, par-dessus tout, la langue de la communication internationale, des médias et des réseaux sociaux.

Langue
Le Centre Américain Hapiness. Crédit photo : Mahamat Alhadj Ali

Un nouveau départ, une nouvelle langue

Le Tchad, pays en période de transition est en train d’écrire une nouvelle page de son histoire. Ce dernier a besoin d’être socialement, politiquement et économiquement renforcé. Une nouvelle langue sur l’épaule de la nouvelle loi suprême fera changer le système éducatif qui est sans boussole.

Langue
Des élèves entrain d’apprendre l’anglais. Crédit photo : Mahamat Alhadj Ali

En plus de cela, cette langue donnera un nouveau visage sans acné de France-Afrique. Une façon d’accroître son partenariat avec les pays frères. De ce fait, officialiser la langue anglaise ouvrira la porte à un Tchad décideur et libéral, définit uniquement dans la sphère du développement durable.

Pour que le Tchad soit au rendez-vous avec les autres nations, l’éducation doit être la priorité de ses priorités. Aujourd’hui l’anglais reste le moyen le plus efficace de véhiculer les informations et permettre aux populations d’être unis sans prêter une mauvaise interprétation.

D’emblée, en toute économie, l’anglais demeure une dure réalité en obstacles ou en opportunités pour les hommes d’affaires, les politiques et étudiants tchadiens. Le Tchad voulu ne viendra pas maintenant sans l’anglais.

Un avantage social et culturel

L’avantage de l’officialisation de l’anglais ne reste pas seulement dans le domaine professionnel et dans la communication mais il pourrait aussi être dans le domaine social et culturel. Pour les rêveurs d’une autre vie ailleurs comme les étudiants et les couples ou amoureux de voyage notamment les touristes. L’anglais étant parlé comme première langue dans 53 pays et comme deuxième langue dans 118 pays, il permettra à ces derniers de voyager partout facilement.

L’officialisation de l’anglais entraînera des coûts faramineux

En effet, l’officialisation de l’anglais doit être combattue avec la dernière énergie car elle est néfaste, très dommageable pour le pays dans la mesure où elle entraînerait des frais colossaux de traduction de tous les documents officiels, traduction totalement inutile car tous les tchadiens éduqués connaissent le français ou l’arabe.

Aussi, une bonne partie du corps diplomatique étranger ne se donnerait plus la peine d’apprendre le français et ne s’adresserait aux autorités tchadiennes qu’en anglais, entraînant ainsi à terme une anglicisation de toute l’administration tchadienne. A part le cas très particulier du Rwanda, envahi par des Ougandais anglophones, aucun pays francophone d’Afrique n’a officialisé ainsi l’anglais. Ce qui prouve bien que cela n’apporte aucune plus-value.

C’est pas une langue officielle qui manque à l’unanimité des tchadiens

L’idée selon laquelle l’anglais pourrait ouvrir des opportunités pour la nouvelle République est largement erronée et grotesque. En effet, c’est pas une langue officielle qui manque à l’unanimité des tchadiens, il en existe déjà deux langues officielles, ce qu’il faut c’est plutôt un sens élevé de patriotisme, de leadership et une grande volonté de vivre ensemble.

De plus, il faut noter que depuis son officialisation, l’arabe peine à prendre vraiment ses marques. Si même le bilinguisme reste difficile à apposer, qu’en est-il du trilinguisme ?

Une troisième langue officielle au Tchad créera une dissonance entre les tchadiens qui arrivent à peine à maîtriser les langues officielles déjà existantes. Pour preuve, la plupart des enfants qui ont suivi régulièrement les cours du primaire, malgré qu’ils aient toujours de meilleures notes, seuls quelques rares qui lisent, parlent ou écrivent correctement dans les deux langues.


Tchad : la culture entrepreneuriale dans les programmes scolaires pour résorber le chômage des jeunes ?

Chaque année, près de 170.000 jeunes tchadiens en âge de travailler arrivent sur le marché de l’emploi. Et bien que l’Etat soit le plus grand pourvoyeur d’emploi, il ne peut néanmoins à lui seul contenir tous ces jeunes. A cet égard, n’est-il pas judicieux d’orienter les jeunes vers les initiatives entrepreneuriales ? Comment s’y prendre ?

Aujourd’hui, le chômage des jeunes devient une préoccupation majeure. Au Tchad, d’après la Troisième Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad (ECOSIT3), le chômage est estimé à 22%. Quant au sous-emploi, il est à 35% de la population active occupée. A cela s’ajoute une forte croissance démographique, estimée annuellement à 3,6%, entraînant une forte progression des jeunes à la recherche d’emploi.

Selon le plan national de développement (PND) de 2017 à 2021, 51% de la population tchadienne a moins de 15 ans. Cela est un atout qui mérite d’être exploité pour l’épanouissement de la jeunesse et permettre aussi au secteur privé de jouer pleinement son rôle de porteur de croissance d’emplois et de richesse.

L’entrepreneuriat, la solution miracle

De nos jours, dans un pays comme le Tchad où l’intégration à la fonction publique est un véritable combat, l’entrepreneuriat devient la panacée. C’est la solution miracle privilégiée par les décideurs politiques et par les jeunes eux-mêmes. Il est alors important et même impératif d’orienter les jeunes vers l’entrepreneuriat.

De même, il faut noter que l’émergence du secteur privé constitue une opportunité de création d’emplois et de croissance. Et selon la formule célèbre d’Adam Smith, dans son livre intitulé La richesse des nations, la recherche par les hommes de leur intérêt personnel mène à la réalisation de l’intérêt général. Cela suppose que le privé joue un rôle capital dans le développement d’une nation. De ce fait, l’encouragement des initiatives privées notamment dans le domaine de l’entrepreneuriat constitue un facteur de développement socio-économique indispensable.

Jeunes
Un groupe de jeunes au sortir d’une formation en entrepreneuriat. Crédit photo : Moubarak avec accord.

Les tchadiens n’ont pas la culture d’entreprendre

Les tchadiens ne possèdent pas la culture entrepreneuriale, ce qui est une dimension culturelle en tant qu’ancienne colonie française. Ces derniers ont tendance à croire que ceux qui travaillent dans l’administration publique sont ceux qui ont réussi dans leur vie. L’école est la seule voie pour construire un avenir radieux. Ainsi, la plupart des jeunes sont attirés par l’intégration à la fonction publique ou à une institution étatique, para-étatique ou privée. Les universitaires pensent que dès qu’ils termineront leurs études et obtiendront des diplômes, ils trouveront immédiatement un emploi convenable et stable.

Cependant, ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’au cours de la recherche de travail, ils seront amenés à mettre en œuvre plusieurs compétences, un savoir-faire qui leur est particulier ou encore des connaissances pour réaliser un projet professionnel et atteindre l’objectif fixé.

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Sanoune Brahim en interview.
Crédit photo : Mahamat Alhadj Ali

Hélas ! Rares sont ceux qui aspirent à créer leurs propres entreprises alors qu’il est possible de mettre sur pied une entreprise et s’épanouir, et ce, même sans diplôme.

C’est le cas de plusieurs lycéens interrogés dont Sanoune Brahim Sossal, élève en classe de Seconde au Lycée Scientifique La Renaissance. Ce dernier affirme qu’il part à l’école c’est pour que dans l’avenir, ces études lui permettront d’occuper un grand poste et qu’il sera invité à la télé car il deviendra très riche.

L’entrepreneuriat demeure novice au Tchad

Au Tchad, l’entrepreneuriat reste encore peu exercé, peu expérimenté. Le Tchad regorge de beaucoup d’opportunités que les jeunes peuvent exploiter en créant des entreprises dans des domaines aussi variés. S’il faut parler du fait que les tchadiens n’ont pas le réflexe d’entreprendre, il faut aussi reconnaître que cela est dû, en partie, à l’insuffisance d’accompagnements, d’orientations et de sensibilisations des jeunes dans la culture entrepreneuriale. C’est aussi dû à l’absence d’une communication de long en large non seulement sur les avantages de l’entrepreneuriat mais aussi sur le fait qu’on peut entreprendre, même avec zéro franc, car l’idée est déjà un capital. Aussi, le système éducatif tchadien est moins orienté vers l’entrepreneuriat. Ce qui ne favorise ni l’épanouissement des jeunes ni la lutte contre le chômage.

Quelques actions jouent leur partition

Quelques actions menées en faveur des jeunes méritent quand même d’être saluées. En effet, le financement récent de projets de 50.000 jeunes, l’organisation des assises comme le forum panafricain de la jeunesse en 2017 à Ndjamena et les différentes éditions de « Tchad Talents » ou de la semaine mondiale de l’entrepreneuriat sont à saluer et à encourager. Ces initiatives constituent une opportunité pour valoriser le capital humain des jeunes afin de les aider à mieux entreprendre mais aussi pour édifier l’Etat tchadien dans sa quête permanente de lutte contre le chômage.

Une autre action tendant à encourager les initiatives entrepreneuriales est celle de l’Institut supérieur de commerce d’administration des Affaires et de Management (ISCAM) qui exige aux étudiants en fin de premier cycle de rédiger un mémoire sous forme de Business Plan ou plan des affaires. Le cas du Centre technique d’apprentissage et de perfectionnement (CTAT) qui contribue, entre autres, à l’auto-emploi des jeunes, mérite aussi d’être apprécié. Les actions qu’entreprend la Chambre de Commerce, la Maison de la petite Entreprise (MPE), le Conseil National de la Jeunesse Tchadienne (CNJT), le Conseil National Consultatif des Jeunes (CNCJ) sont à saluer sans oublier l’intégration d’une filière d’entrepreneuriat dans les différentes universités publiques et privées. En outre, des plateformes comme WenakLabs, Chad innovation,… jouent leur partition.

Une taxe zéro ?

Afin de favoriser l’épanouissement de la jeunesse et permettre au secteur privé de jouer son rôle de porteur de croissance, d’emplois et de la richesse, il convient de mener les actions qui suivent. En effet, la première action à mener consiste à sensibiliser les jeunes sur les avantages de l’entrepreneuriat. Et cette sensibilisation se fera notamment par le biais de la création des sites web, l’organisation des émissions Radio et TV. Ensuite, il paraît important d’introduire l’entrepreneuriat dans le système éducatif.

S’agissant du soutien aux initiatives entrepreneuriales, il serait également intéressant d’accorder des exonérations spécifiques aux entrepreneurs. Par exemple, instituer la taxe zéro pour les cinq premières années en vue de permettre l’installation des nouveaux entrepreneurs.

Pour encourager les initiatives entrepreneuriales, il faudrait aussi décerner des prix, des distinctions aux réussites dans le domaine de l’entrepreneuriat. Il paraît également opportun d’identifier les catégories des jeunes qui nécessitent un soutien immédiat comme le cas des brevetés des lycées et collèges techniques industriels qui méritent un accompagnement en vue de leur permettre de créer leurs propres entreprises.

Le rôle de l’État

L’État pourrait envisager par le biais de partenariats, la création d’un périodique dédié à la proposition d’idées tendant à développer les entreprises.

Un accent particulier devrait être mis sur la jeunesse rurale tchadienne quant à l’encouragement des initiatives entrepreneuriales par le biais du financement et de la sensibilisation.

Par ailleurs, il n’est pas sans objet de s’inspirer de l’expérience des pays qui ont, entre autres, misé sur l’entrepreneuriat, pour favoriser le développement économique et social. A ce niveau, les progrès enregistrés par le Togo sont à féliciter et explorer. En effet, 12.592 entreprises ont été créées en 2020 au Togo. En 2021, rien que pour le premier trimestre, 4.087 entreprises o nint été créées (dont 1104 par les femmes). Ceci revient à dire qu’il faut œuvrer davantage sur tous les aspects liés à la création d’entreprise.


L’eau potable, une denrée rare au Tchad

« L’eau, c’est la vie« , dit-on. Pourtant au Tchad, selon l’enquête démographique de santé, plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable. De milliers d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année à cause de l’impureté des eaux. La majeure partie de la population s’adonne à la consommation de l’eau de pompe qui, souvent ne respecte pas les normes d’hygiène.

Le Tchad, pays enclavé au cœur de l’Afrique, couvre une superficie de 1284000 km² aux deux tiers désertique, constitué de trois zones climatiques (saharienne, sahélienne et soudanienne) avec une température moyenne de 35°C.

Le pays dispose d’importantes ressources en eau, caractérisées par une pluviométrie annuelle allant de 50 à 600 mm au nord et au centre, voire plus de 1000 mm au sud ; un énorme potentiel en eau de surface estimé à 21,8 milliards de m³/an ; et plus de 540 milliards de m³ de réserves exploitables en eau souterraine dont 20 milliards de m³ sont renouvelables par an.

Rechercher de l’eau potable, le quotidien des ménages tchadiens

Rien que dans la Capitale Ndjamena, l’eau potable est plus qu’un luxe. Les quartiers périphériques continuent de s’étendre alors que les moyens des pouvoirs publics pour répondre aux besoins de ces quartiers s’amenuisent au fil du temps. Il arrive parfois que les robinets soient secs pendant toute la journée. Des ménages sont obligés de veiller, toute la nuit, faisant la queue devant l’unique pompe publique pour guetter la précieuse denrée rare : l’eau. Depuis quelques années, au plus fort de la canicule et de la pénurie, certaines familles se sont rabattues sur les eaux insalubres du fleuve Chari avec tous ses corollaires de maladies hydriques.

En zone rurale, le constat est encore plus désastreux. Les fontaines installées depuis quelques années dans certaines provinces ne sont plus opérationnelles et les puits se tarissent. Les femmes et enfants font chaque jour un long voyage à pied à la recherche de l’eau. Cette eau n’a aucune garantie sanitaire. En plus, les conditions d’extraction de l’eau du puits sont lamentablement dangereuses. En cas de gestes déplacés, on risque de se retrouver dans le puits. Bon nombre d’enfants, surtout les filles, sont obligées de délaisser l’école, car la distance qu’elles font par jour pour s’approvisionner en eau potable est un véritable parcours du combattant qui les empêche de continuer normalement les études. Hormis les problèmes scolaires, il faut avouer que le fait de transporter de l’eau sur la tête sur une longue distance peut créer chez la jeune fille des sérieux soucis.

Eau potable
Les tchadiennes sont allées trouver de l’eau. Crédit photo: iStok

Pourquoi cette rareté de l’or bleu au Tchad ?

Les femmes tchadiennes prennent de l’eau sale pour boire un verre et l’utiliser pour la vie quotidienne. Crédit photo: iStock

Le Tchad, à l’instar de tous les pays sahéliens, enregistre depuis près de trois décennies des déficits pluviométriques récurrents qui, combinés à des actions anthropiques pas toujours respectueuses de l’environnement, entraînent une dégradation des ressources naturelles.

Alors que le Tchad regorge d’importantes ressources en eau, la quasi-totalité de la population boit l’eau des puits traditionnels et des cours d’eau pérennes ou temporaires. Les raisons, multiples, se trouvent aussi bien du côté de l’offre, comme la désorganisation du cadre institutionnel et le manque de ressources budgétaires ; que de celui de la demande, par le manque d’initiatives des groupes d’usagers. En effet, les variations pluviométriques, le changement climatique, la présence des roches dures sur environ 25% de la superficie, l’épuisement des nappes souterraines et l’assèchement des cours d’eau et du Lac Tchad constituent des problèmes majeurs dans la mobilisation de l’eau au Tchad.

Un problème pour le développement du Tchad

L’accès à l’eau reste toujours un grand défi pour les tchadiens. Non seulement les taux d’accès sont parmi les plus bas du monde, mais les progrès sont restés marginaux au cours des dernières années. Aujourd’hui, dans d’autres pays, les problèmes sont supposés d’ordre technologique, alors qu’au Tchad la population meurt de soif.

Eau potable
Les tchadiennes sont allées trouver de l’eau. Credit photo: iStock

Le problème d’accès à l’eau potable est crucial. L’eau contaminée peut entraîner de graves problèmes de santé. Du choléra, de la diarrhée, de la dysenterie, de l’hépatite A, de la fière typhoïde, de la poliomyélite, à la mort.

Aussi, les effets de la rareté de l’eau potable touchent de vastes zones et de nombreux secteurs : mauvaises récoltes et réduction de la production agricole, pertes de vies humaines et animales, déscolarisation…
Le manque d’accès à l’eau crée des conflits entre différentes communautés et à l’intérieure des communautés.

Hélas ! Une meilleure exploitation du gigantesque potentiel hydrique du Tchad pourrait non seulement satisfaire tous les besoins en eau de la population, mais aussi produire de l’énergie hydroélectrique notamment de l’électricité.


Tchad: les jeunes ne restent pas les bras croisés.

Pour une sixième fois, le Tchad célèbre la semaine mondiale de l’entrepreneuriat. Cette dernière édition a eu lieu du 29 novembre au 3 décembre 2022 à l’Hôtel Radisson Blu de Ndjamena.

Organisée par le Réseau des Jeunes pour le Développement et le Leadership au Tchad (RJDLT) avec l’appui du Ministère de la Jeunesse, des sports, des loisirs et du Leadership entrepreneurial, la semaine mondiale de l’entrepreneuriat a été célébrée par plusieurs activités.

De la même manière que les cinq éditions précédentes, des œuvres d’art, des sources énergétiques en passant par des boissons locales…tout est fait et exposé afin de faire découvrir l’esprit créatif des jeunes tchadiens. Ces jeunes qui, malgré les dures conditions de l’employabilité et de l’entrepreneuriat au pays, ne lâchent pas prise.

De ce fait, en faisant le tour des stands, l’on se sent dans un environnement fascinant de créativité, d’innovation et de résilience.

Les stands. Source: Gueipeur fotograph.

Les œuvres artisanales

Ce sont les « made in chad ». Des habits, colliers, bracelets, sacs… tous fabriqués à la main.

Au-delà d’une importante rentabilité, ces œuvres valorisent aussi les diversités culturelles du Tchad.

Photos: Objets d’art. Source: Gueipeur fotograph.

Les entreprises diverses

C’est le lieu le plus attrayant des stands car il y a usage des nouvelles technologies, chose encore novice au Tchad. Des entreprises créées par des jeunes exposent leurs produits et services.

Centre Roubi

Un centre qui œuvre dans l’intelligence artificielle, le robotique, les systèmes embarqués et l’électronique.

Photos: Matériels et démonstrations du centre Roubi. Sources: Gueipeur fotograph/ Mahamat Alhadj Ali.

Women Tech

Une association féminine à but non lucratif, qui vise à promouvoir les TIC auprès des femmes pour une meilleure inclusion dans le secteur du numérique au Tchad.

KelouTech

Une startup digitale indépendante qui promouvoit la transformation digitale au Tchad en offrant un mélange unique de créativité et d’expertise en ingénierie logicielle et formation dans le domaine du TIC.

Les entreprises de la gastronomie

Entreprise gastronomique au Tchad.
Entreprise gastronomique au Tchad.
Entreprise gastronomique au Tchad.
Photos: entreprises gastronomiques. Source: Mahamat Alhadj Ali.

Les entreprises de stylisme et Fashion

Entreprise œuvrant dans le stylisme au Tchad.
Entreprise œuvrant dans le stylisme au Tchad.
Entreprise œuvrant dans le stylisme au Tchad.
entreprises œuvrant dans le stylisme au Tchad.
entreprises œuvrant dans le stylisme au Tchad.
Photos: entreprises œuvrant dans le stylisme. Source: Gueipeur fotograph.

Les organisations d’appui aux jeunes

Le Site n’est pas seulement dédié à l’exposition des oeuvres et des entreprises. En effet, c’est aussi un lieu d’échange, d’inspiration et de partage d’expériences. Ainsi, plusieurs organisations sont présentes sur place pour motiver et orienter les jeunes à la création des entreprises et à la recherche de l’emploi. Ces jeunes dont l’intégration à la fonction publique demeure un rêve gracieux.

association et office de soutien aux jeunes du Tchad.
Association et office de soutien aux jeunes du Tchad.

Photos: Association et office de soutien aux jeunes. Source: Gueipeur fotograph.