L’eau potable, une denrée rare au Tchad
« L’eau, c’est la vie« , dit-on. Pourtant au Tchad, selon l’enquête démographique de santé, plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable. De milliers d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année à cause de l’impureté des eaux. La majeure partie de la population s’adonne à la consommation de l’eau de pompe qui, souvent ne respecte pas les normes d’hygiène.
Le Tchad, pays enclavé au cœur de l’Afrique, couvre une superficie de 1284000 km² aux deux tiers désertique, constitué de trois zones climatiques (saharienne, sahélienne et soudanienne) avec une température moyenne de 35°C.
Le pays dispose d’importantes ressources en eau, caractérisées par une pluviométrie annuelle allant de 50 à 600 mm au nord et au centre, voire plus de 1000 mm au sud ; un énorme potentiel en eau de surface estimé à 21,8 milliards de m³/an ; et plus de 540 milliards de m³ de réserves exploitables en eau souterraine dont 20 milliards de m³ sont renouvelables par an.
Rechercher de l’eau potable, le quotidien des ménages tchadiens
Rien que dans la Capitale Ndjamena, l’eau potable est plus qu’un luxe. Les quartiers périphériques continuent de s’étendre alors que les moyens des pouvoirs publics pour répondre aux besoins de ces quartiers s’amenuisent au fil du temps. Il arrive parfois que les robinets soient secs pendant toute la journée. Des ménages sont obligés de veiller, toute la nuit, faisant la queue devant l’unique pompe publique pour guetter la précieuse denrée rare : l’eau. Depuis quelques années, au plus fort de la canicule et de la pénurie, certaines familles se sont rabattues sur les eaux insalubres du fleuve Chari avec tous ses corollaires de maladies hydriques.
En zone rurale, le constat est encore plus désastreux. Les fontaines installées depuis quelques années dans certaines provinces ne sont plus opérationnelles et les puits se tarissent. Les femmes et enfants font chaque jour un long voyage à pied à la recherche de l’eau. Cette eau n’a aucune garantie sanitaire. En plus, les conditions d’extraction de l’eau du puits sont lamentablement dangereuses. En cas de gestes déplacés, on risque de se retrouver dans le puits. Bon nombre d’enfants, surtout les filles, sont obligées de délaisser l’école, car la distance qu’elles font par jour pour s’approvisionner en eau potable est un véritable parcours du combattant qui les empêche de continuer normalement les études. Hormis les problèmes scolaires, il faut avouer que le fait de transporter de l’eau sur la tête sur une longue distance peut créer chez la jeune fille des sérieux soucis.

Pourquoi cette rareté de l’or bleu au Tchad ?

Le Tchad, à l’instar de tous les pays sahéliens, enregistre depuis près de trois décennies des déficits pluviométriques récurrents qui, combinés à des actions anthropiques pas toujours respectueuses de l’environnement, entraînent une dégradation des ressources naturelles.
Alors que le Tchad regorge d’importantes ressources en eau, la quasi-totalité de la population boit l’eau des puits traditionnels et des cours d’eau pérennes ou temporaires. Les raisons, multiples, se trouvent aussi bien du côté de l’offre, comme la désorganisation du cadre institutionnel et le manque de ressources budgétaires ; que de celui de la demande, par le manque d’initiatives des groupes d’usagers. En effet, les variations pluviométriques, le changement climatique, la présence des roches dures sur environ 25% de la superficie, l’épuisement des nappes souterraines et l’assèchement des cours d’eau et du Lac Tchad constituent des problèmes majeurs dans la mobilisation de l’eau au Tchad.
Un problème pour le développement du Tchad
L’accès à l’eau reste toujours un grand défi pour les tchadiens. Non seulement les taux d’accès sont parmi les plus bas du monde, mais les progrès sont restés marginaux au cours des dernières années. Aujourd’hui, dans d’autres pays, les problèmes sont supposés d’ordre technologique, alors qu’au Tchad la population meurt de soif.

Le problème d’accès à l’eau potable est crucial. L’eau contaminée peut entraîner de graves problèmes de santé. Du choléra, de la diarrhée, de la dysenterie, de l’hépatite A, de la fière typhoïde, de la poliomyélite, à la mort.
Aussi, les effets de la rareté de l’eau potable touchent de vastes zones et de nombreux secteurs : mauvaises récoltes et réduction de la production agricole, pertes de vies humaines et animales, déscolarisation…
Le manque d’accès à l’eau crée des conflits entre différentes communautés et à l’intérieure des communautés.
Hélas ! Une meilleure exploitation du gigantesque potentiel hydrique du Tchad pourrait non seulement satisfaire tous les besoins en eau de la population, mais aussi produire de l’énergie hydroélectrique notamment de l’électricité.
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